Ornette, enfin le clip de Crazy ! / Musique
Bettina Kee, alias ORNETTE, s'est mise au piano à 3 ans parce qu'elle aimait quand « le tonnerre gronde » (les graves) et « la pluie tombe » (les aigus)... Depuis, elle a collaboré avec Arthur H, et Alain Bashung avant d'être remarquée en première partie de Yael Naïm et de Coeur de pirate l'automne dernier à Paris. Sa pop, sombre, tout en soul et en groove, paraît le 26 septembre 2011 sur un premier CD. Une révélation à la sensibilité à fleur de peau. Diffusée tout cet été sur France Inter, et prochainement à ne pas rater à Taratata, Ornette fait enfin découvrir son premier clip pour le titre Crazy !
Si on lui avait dit qu'un jour, elle sortirait un album en tant que chanteuse, Ornette n'y aurait pas cru. Pianiste brillante, elle était celle qui, jusqu'ici, composait, arrangeait, accompagnait les autres... Et restait un peu dans l'ombre. Sa voix ? Un instrument qu'elle n'osait pas dévoiler parce qu'il n'avait pas été poli par des heures de techniques, mais qui, pour la même raison, lui procurait aussi des sensations les plus intenses. Normal : la voix d'Ornette est un bijou précieux. Aujourd'hui, son premier album, Crazy, petite merveille de pop chaleureuse et sophistiquée, lui permet enfin de briller.
Ornette grandit dans une famille d'artistes, comédiens et chanteurs, mais choisit le piano pour s'approprier un territoire vierge, bien à elle. Au conservatoire, elle enchaîne les cours de solfège, d'harmonie, d'orchestration... Et se passionne peu à peu pour le jazz, ses dissonances et ses improvisations. A 25 ans, c'est donc munie d'un solide bagage qu'elle fait ses premières armes de professionnelle, derrière les claviers d'Alain Bashung, de Doriand ou d'Arthur H (avec qui elle interprète, sur scène, le cultissime La Rivière Sans Retour). Côté personnel, elle fait partie du trio MOP qui sort, en 2004, un album de jazz instrumental salué par la critique, et récidive quatre ans plus tard, version Electric Mop. Quand elle chante sur leur titre Jacqueline, c'est le déclic : « au Conservatoire, je n'avais jamais « travaillé » ma voix, contrairement au piano que j'ai du maîtriser après de nombreuses années d'étude. En chantant, j'ai donc ressenti un plaisir direct, absolument pas cérébral. Je me suis dit que je ne pouvais pas passer à côté. »
Ornette écrit donc ses premiers morceaux en solo. De petites pièces qui allient la mélancolie du blues à l'efficacité de la pop : « j'ai été très surprise de chanter sur des accords très simples, et d'aimer ça. C'était très libérateur de se dire 'ok, j'ai appris plein de choses, mais maintenant, je vais juste à l'essentiel de la sensation'. » Elle ne confie qu'à une seule personne la tâche délicate d'étoffer ses morceaux sans les alourdir : Emiliano Turi, son complice de toujours sur Mop et Electric Mop, qui devient cette fois le réalisateur de son album. Pari réussi.
Crazy est un disque solaire et aérien, où tout est question d'équilibre : des refrains qui accrochent le cerveau, du groove qui fait bouger les hanches, et des mélodies ciselées qui vont droit au coeur, dont le premier single, Crazy, est un superbe exemple. Sans oublier quelques surprises : « j'avais envie que l'album soit assez feutré, mais un peu rugueux. Pas question que ce soit trop propre. » Normal quand, dans son panthéon personnel, on compte Théolonious Monk, Beck, Jack White, Dusty Springfield ou Björk, des artistes qui tous, ont su être à la fois accessibles et audacieux. Résultat : des cuivres qui assombrissent le romantique There's A Man, l'urgence un peu grave des couplets de The Lion and The Doll, ou le piano brinquebalant de Totta's Unicorn. Et un album qui rejoint ceux de Feist, Dido, Kate Nash ou The Bird and The Bee, au rang des dignes représentants d'une pop moderne, féminine et racée.
Désormais (officiellement) chanteuse, Ornette (prénom choisi en clin d'oeil à ses propres racines musicales, et en hommage assumé à celui dont la chanson Lonely Woman est l'une de ses préférées) monte sur scène. Initialement intitulé The Impossible Show, le spectacle qu'elle a présenté en 2010 pendant plus d'un mois au Lucernaire, à Paris, puis baladé des Nuits de Fourvière au Festival International de Jazz de Montréal cette année, multiplie les cascades sans filet : reprises toujours différentes, invités divers et variés (de Arthur H à un orchestre de cuivres), et diffusion en streaming simultanée. « Quand je suis sur scène, c'est comme si je faisais la même impro tous les soirs. Chanter me procure le même plaisir, instinctif et immédiat. »
Ornette en concert
* 28 Octobre 2011 / Les Primeurs de Massy / Massy (91)
* 2 Novembre 2011 / Café de La Danse (Paris)
* 04 Novembre 2011 / La Clef / St Germain (78)
* 05 Novembre 2011 / Fuzz Yon / La Roche-sur-Yon (85)
* 25 Novembre 2011 / Le Cap / Aulnay-sous-Bois (93)
* 21 Octobre 2011 / Le Péliduve / Chatenay-Malabry (92)
En savoir plus Partager :
Réservez |